Le Deep Fake, c’est quoi ? Une technologie de morphing vidéo assistée par l’intelligence artificielle permettant différentes modifications d’un visage. Par exemple, créer un effet de rajeunissement ou dans un usage plus élaboré, créer entièrement une séquence qui n’a jamais existé. La technique s’appuie sur plusieurs outils. Une étude de très nombreuses photos de la personne, le logiciel faisant une sorte de compilation de chaque mouvement, même le plus infime. Il y a également le tracking utilisé dans les dessins animés depuis des années. On met des capteurs sur le visage d’un comédien qui va jouer les émotions avec son visage et ensuite, on reporte les points de capture sur mon modèle virtuel qui va être animé des mouvements enregistrés sur le comédien, apportant ainsi des mimiques et des émotions incroyablement humaines.

L’industrie porno, laboratoire de R&D parallèle depuis des décennies, a commencé à utiliser le deep fake pour remplacer le visage d’une actrice X par celui d’une célébrité, créant ainsi de toutes pièces une sex tape scandaleuse et bien sûr un buzz incroyable sur les plateformes de streaming en dévoilant la fausse intimité de telle ou telle star. On ne peut pas tout faire, c’est parfois maladroit et visible mais plusieurs personnalités ont déjà été salement torpillées par des posts truqués. Le témoignage de Rana Ayyub est édifiant. (en anglais)

https://www.nytimes.com/2018/05/22/opinion/india-journalists-slut-shaming-rape.html

Après ces premiers essais graveleux et très préjudiciables, des équipes se sont intéressées aux politiques, cela a donné la fameuse séquence de « lip morphing » avec Obama où sa bouche avait été répliquée virtuellement pour pouvoir lui faire dire n’importe quoi.

https://www.youtube.com/watch?v=AmUC4m6w1wo&feature=emb_logo

Récemment, sur la série « Plus belle la vie », Malika Alaoui étant absente car cas contact, la production a eu recours au procédé Deep Fake pour transposer son visage sur celui de la comédienne Laura Farrugia.

Grâce au talent de French Faker, https://www.frenchfaker.com/

cette première utilisation dans une série française a fait un joli buzz médiatique en novembre dernier.

Il y a dix jours, les vœux de Noël de la Reine d’Angleterre ont donné lieu aussi à un amusant remix Deep Fake sur Channel 4.

https://www.youtube.com/watch?v=IvY-Abd2FfM

Alors, qu’est-ce qu’on fait pour la suite ?

Aujourd’hui, la vérité est une opinion comme une autre, les fake news pullulent sur internet, toutes sortes de propagandes émotionnelles lancées par des politiques, des activistes, des complotistes, des délinquants font réagir les foules sur les réseaux. Il semble donc important de créer une vigilance autour de cette technologie vidéo. Avec l’amélioration irrésistible du motion graphisme, le Deep Fake va se répandre, parfois pour libérer la créativité, parfois pour détruire des vies.

Depuis 2017, le tag « Photographie retouchée » doit être apposé sur tout visuel commercial ayant modifié de façon marquante un corps ou un visage. De la même façon, on pourrait instaurer un logo « DFV » pour Deep Fake Video à mettre dans un coin d’écran sur les vidéos truquées. Une sorte de sigle de reconnaissance, prévention, information servant d’alerte visuelle. De la même façon, une mention dans le générique d’un film ayant eu recours à la technique.

Le but n’est pas de faire une règlementation de plus, ni une entrave à la liberté créatrice, c’est simplement de formaliser un statut particulier, avec une précaution d’usage basée sur la déontologie, pour une technologie qui porte en elle de possibles dérives aux effets dévastateurs.

Qu’en pensez-vous ?