Nous vivons un pèlerinage intérieur. Certains au front, au feu, engagés dans un flot d’urgences, d’autres au fond, chez eux, immobiles sous un déluge d’infos. La Terre continue de tourner mais le vacarme humain s’est tu. Le ciel retrouve ses oiseaux, la route son horizon. De New-York à Bombay, chacun réinvente ses jours dans un même décor, en solo ou à plusieurs, entre tentation d’inertie et envie d’agir. Si rien ne sera plus comme avant, comment tout refaire après ? Quand nous sortirons des paroles à distance pour retrouver les actes en direct. Chercher des coupables ou trouver des capables ? Maudire les pangolins ou rebâtir avec entrain ? Une simple recombinaison organique, comme il s’en génère spontanément depuis la nuit des temps, et la Nature a mis notre histoire mondialisée entre parenthèse. Avec ses lois, elle nous rappelle brutalement une réalité oubliée : quelque chose de plus grand que nous est à l’œuvre sur la planète. Cette fracture radicale de notre espace-temps nous révèle fragiles, toutes nationalités et toutes conditions confondues.

Bien sûr, il faudra un traitement, un vaccin, mais au sortir de ce pèlerinage intérieur, le grand challenge sera de redéfinir puis d’incarner un essentiel humain à partager collectivement. Avec intelligence, courage et détermination.