Tout s’adapte en permanence chez l’homme, même la bêtise et naturellement, notre époque est en train d’accoucher d’un nouvel archétype actualisé : le crétin digital.
Il ne lit aucun livre, que des brèves, dont pas mal de fake news. Son langage quotidien, mélange de créole urbain, d’anglicismes et d’argot, comprend moins de 500 mots, quelques punchlines et des abréviations en paquet de lettres dont il a oublié le sens. LOL, MDR ! Comme il ne sait plus écrire sans faute, il utilise fréquemment des icônes, c’est fun et tous ses potes comprennent. Il ne sait plus compter mentalement, ni se repérer dans l’espace et il a un mal fou à s’occuper ou interagir avec son environnement sans écran interposé. Il stocke la plupart de ses maigres connaissances et quasiment toute sa mémoire dans un petit boîtier qu’il trimballe partout et utilise parfois pour téléphoner. En bref, on peut dire que le crétin digital a délocalisé une grande partie de son cerveau dans le cloud, cette nébuleuse, extraordinaire et mystérieuse, qui lui simplifie l’accès à ses données. D’ailleurs, le cloud simplifie l’accès de tout le monde à ses données, des e-commerçants aux hackers en passant par les bombardeurs de spams.
On a finalement l’impression de voir se réaliser le fantasme ultime de Patrick Le Lay, ancien dirigeant de TF1, qui vendait aux marques du temps de cerveau disponible. Progressivement se dessine l’incarnation absolue du capitalisme de masse, le Graal des bataillons de planeurs strat 360 : le crétin digital a en permanence tout son cerveau disponible pour les marques !
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